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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/114

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La soyeuse ottomane où le livre est encor,
La pendule mobile entre deux vases d’or,
La Madone d’argent, sous des roses cachée,
Et sur un lit d’azur une beauté couchée.

Oh ! jamais dans Madrid un noble cavalier
Ne verra tant de grâce à plus d’art s’allier ;
Jamais pour plus d’attraits, lorsque la nuit commence,
N’a frémi la guitare et langui la romance ;
Jamais, dans nulle église, on ne vit plus beaux yeux
Des grains du chapelet se tourner vers les cieux ;
Sur les mille degrés du vaste amphithéâtre
On n’admira jamais plus belles mains d’albâtre,
Sous la mantille noire et ses paillettes d’or,
Applaudissant, de loin, l’adroit Toréador.

Mais, ô vous qu’en secret nulle œillade attentive
Dans ses rayons brillants ne chercha pour captive,
Jeune foule d’amants, Espagnols à l’œil noir,
Si sous la perle et l’or vous l’adoriez le soir,
Qui de vous ne voudrait (dût la dague andalouse
Le frapper au retour de sa pointe jalouse)