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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/124

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LA PRISON


POÈME


XXIIe siècle

 
« Oh ! ne vous jouez plus d’un vieillard et d’un prêtre !
« Étranger dans ces lieux, comment les reconnaître ?
« Depuis une heure au moins, cet importun bandeau
« Presse mes yeux souffrants de son épais fardeau.
« Soin stérile et cruel ! car de ces édifices
« Ils n’ont jamais tenté les sombres artifices.
« Soldats ! vous outragez le ministre et le Dieu,
« Dieu même que mes mains apportent dans ce lieu. »
Il parle ; mais en vain sa crainte les prononce :
Ces mots et d’autres cris se taisent sans réponse.
On l’entraîne toujours en des détours savants.
Tantôt crie à ses pieds le bois des ponts mouvants,
Tantôt sa voix s’éteint à de courts intervalles,
Tantôt fait retentir l’écho des vastes salles,