Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/33

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Et tout ce que le Ciel renferme d’habitants,
Tous, de leurs ailes d’or voilés en même temps,
Abaissèrent leurs fronts jusqu’à ses pieds de neige,
Et les Vierges ses sœurs, s’unissant en cortège,
Comme autour de la Lune on voit les feux du soir,
Se tenant par la main, coururent pour la voir.
Des harpes d’or pendaient à leur chaste ceinture ;
Et des fleurs qu’au Ciel seul fit germer la nature,
Des fleurs qu’on ne voit pas dans l’Été des humains,
Comme une large pluie abondaient sous leurs mains.

« Heureux, chantaient alors des voix incomparables,
Heureux le monde offert à ses pas secourables !
Quand elle aura passé parmi les malheureux,
L’esprit consolateur se répandra sur eux.
Quel globe attend ses pas ? Quel siècle la demande ?
Naîtra-t-il d’autres cieux afin qu’elle y commande ? »
Un jour… (Comment oser nommer du nom de jour
Ce qui n’a pas de fuite et n’a pas de retour ?
Des langages humains défiant l’indigence,
L’éternité se voile à notre intelligence,