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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/62

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Tandis qu’ils remplissaient les messages de Dieu,
Ils ont tous vu tomber un nuage de feu.
Des plaintes de douleur, des réponses cruelles,
Se mêlaient dans la flamme au battement des ailes.

« Où me conduisez-vous, bel Ange ? — Viens toujours.
— Que votre voix est triste, et quel sombre discours !
N’est-ce pas Éloa qui soulève ta chaîne ?
J’ai cru t’avoir sauvé. — Non, c’est moi qui t’entraîne.
— Si nous sommes unis, peu m’importe en quel lieu !
Nomme-moi donc encore ou ta sœur ou ton Dieu !
— J’enlève mon esclave et je tiens ma victime.
— Tu paraissais si bon ! Oh ! qu’ai-je fait ? — Un crime.
— Seras-tu plus heureux ? du moins es-tu content ?
— Plus triste que jamais. — Qui donc es-tu ? — Satan. »


Écrit en 1823, dans les Vosges.