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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/61

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Confondent leurs rayons, ou comme la rosée
Dans une perle seule unit deux de ses pleurs
Pour s’empreindre du baume exhalé par les fleurs,
Comme un double flambeau réunit ses deux flammes,
Non moins étroitement nous unirons nos âmes.
— Je t’aime et je descends. Mais que diront les Cieux ? »
En ce moment passa dans l’air, loin de leurs yeux,
Un des célestes chœurs, où, parmi les louanges,
On entendit ces mots que répétaient des Anges :
« Gloire dans l’Univers, dans les Temps, à celui
Qui s’immole à jamais pour le salut d’autrui. »
Les Cieux semblaient parler. C’en était trop pour elle.

Deux fois encor levant sa paupière infidèle,
Promenant des regards encore irrésolus,
Elle chercha ses Cieux qu’elle ne voyait plus.

Des Anges au Chaos allaient puiser des mondes.
Passant avec terreur dans ses plaines profondes,