Page:Vigny - Œuvres complètes, Stello, Lemerre, 1884.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’appelait l’idéal qu’il poursuivait et qu’il voyait marcher devant lui.

Soit que les uns aient donné leurs soins au coloris et à la forme pittoresque, aux nouveautés et au renouvellement du rythme, soit que d’autres, épris à la fois des détails savant de l’élocution et des formes du dessin le plus pur, aient aimé par-dessus tout à renfermer dans leurs compositions l’examen des questions sociales et des doctrines psychologiques et spiritualistes, il n’en est pas moins vrai que, tout en conservant leur physionomie particulière et leur caractère individuel, ils marchèrent tous, du même pas, vers le même but, et que leur rénovation fut complète sur tous les points. – Le nom qui lui fut donné était depuis longtemps français, et, puisé dans les origines de notre langue romane, il avait toujours exprimé le sentiment mélancolique produit dans l’âme par les aspects de la nature et des grandes ruines, par la majesté des horizons et les bruits indéfinissables des belles solitudes.

La poésie épique, lyrique, élégiaque, le théâtre, le romain reprirent une vie nouvelle, et entrèrent dans des voies où la France n’avait pas encore posé son pied. Le style qui s’affaissait fut raffermi. – Tous les genres d’écrits se transformèrent, toutes les armures furent retrempées ; il n’est pas jusqu’à l’histoire, et