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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/114

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On arrive en silence au pied des hauts degrés
Où s’élève un autel[1]. Couvert d’habits sacrés,
Et croisant ses deux bras sur sa poitrine sainte,
Le prêtre monte seul dans la pieuse enceinte.
La poussière de Forge, holocauste jaloux[2],
Est, d’une main tremblante, offerte par l’époux.
Le pontife la jette à la femme interdite,
Lui découvre la tête ; et tenant l’eau maudite :
« Si l’étranger, jamais n’a su vous approcher,
« Que l’eau, qui de ce vase en vous va s’épancher,
« Devienne d’heureux jours une source féconde ;
« Mais si, l’horreur du peuple et le mépris du monde,
« Par un profane, amour votre cœur s’est souillé,
« Que, flétri par ces eaux, votre front dépouillé,
« Porte de son péché l’abominable signe,
« Et que, juste instrument d’une vengeance insigne,
« Leur poison poursuivant l’adultère larcin,
« En dévore le fruit jusque dans votre sein. »

  1. L’autel des holocaustes. Le peuple ne pouvait pas entrer dans le temple ; il restait dans une cour où était cet autel. (Mœurs des Isr. Chap. XX.)
  2. ’Voyez les Nombres, Chap. V, V. 15, 16, etc.