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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/189

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de tigre, de hyène et de loup, comme l’ont assuré d’illustres écrivains ; ils se coiffaient, se rasaient, s’habillaient et déjeunaient. Il y en avait dont les femmes disaient : Qu’il est bien ! Il y en avait plus encore dont on n’eût rien dit s’ils n’eussent rien été ; et les plus laids ont ici d’honnêtes grammairiens et de polis diplomates qui les surpassent en airs féroces, et dont on dit : Laideur spirituelle ! — Idées ! idées en l’air ! phrases de livres que toutes ces ressemblances animales ! Les hommes sont partout et toujours de simples et faibles créatures plus ou moins ballottées et contrefaites par leur destinée. Seulement les plus forts ou les meilleurs se redressent contre elle et la façonnent à leur gré au lieu de se laisser pétrir par sa main capricieuse.

Les Terroristes se laissèrent platement entraîner à l’instinct absurde de la cruauté et aux nécessités dégoûtantes de leur position. Cela leur advint à cause de leur médiocrité, comme j’ai dit.

Remarquez bien que, dans l’histoire du monde, tout homme régnant qui a manqué de grandeur personnelle a été forcé d’y suppléer en plaçant à sa droite le bourreau comme ange gardien.