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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/222

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sixième livre de son Histoire, chapitre neuvième. Les rois de France y faisaient halte deux fois : à leur entrée à Paris, ils s’y reposaient ; à leur sortie, on les y déposait en les portant à Saint-Denis. En face le Prieuré était, à cet effet, un petit hôtel dont il ne reste pas pierre sur pierre et qui se nommait le Logis du Roi. Le Prieuré devint caserne, prison d’État et maison de correction ; pour les moines, les soldats, les conspirateurs et les filles, on a tour à tour agrandi, élargi, barricadé et verrouillé ce bâtiment sale, où tout était alors d’un aspect gris, maussade et maladif. Il me fallut quelque temps pour me rendre de la place de la Révolution à la rue du Faubourg-Saint-Denis, où est située cette prison. Je la reconnus de loin à une sorte de guenille bleue et rouge toute mouillée de pluie, attachée à un grand bâton noir planté au-dessus de la porte. Sur un marbre noir, en grosses lettres blanches, était gravée l’inscription générale de tous les monuments, l’inscription qui me semblait l’épitaphe de la Nation :

 
Unité, Indivisibilité de la République.
Egalité, Fraternité ou la Mort.


Devant la porte du corps de garde infect, des Sans-Culottes,