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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/234

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des douleurs, mes douleurs des angoisses, mes angoisses la mort ! — Quand j’y pense, je n’ose plus remuer ni respirer. J’ai peur de mes idées, je me reproche d’aimer comme de haïr, de crainte d’être émue. — Je me vénère, je me redoute comme si j’étais une sainte ! — Voilà mon état. »

Elle avait l’air d’un ange en parlant ainsi, et elle pressait ses deux bras croisés sur sa ceinture, qui commençait à peine à s’élargir depuis deux mois.

« Donnez-moi une idée qui me reste toujours présente, là, dans l’esprit, poursuivit-elle en me regardant fixement, et qui m’empêche de faire mal à mon fils. »

Ainsi, comme toutes les jeunes mères que j’ai connues, elle disait d’avance mon fils, par un désir inexplicable et une préférence instinctive. Cela me fit sourire malgré moi.

« Vous avez pitié de moi, dit-elle ; je le vois bien, allez ! — Vous savez que rien ne peut cuirasser notre pauvre cœur au point de l’empêcher de bondir, de faire tressaillir tout notre être et