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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/237

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Je regardais avec attention cette douleur si franche qui ne cherchait point à se cacher, et j’admirais l’oubli total où elle était de la perte de ses biens, de son rang, des recherches délicates de la vie. Je retrouvais en elle ce qu’à cette époque j’eus souvent occasion d’observer, c’est que ceux qui perdent le plus sont toujours aussi ceux qui se plaignent le moins.

L’habitude du grand monde et d’une continuelle aisance élève l’esprit au-dessus du luxe que l’on voit tous les jours, et ne plus le voir est à peine une privation. Une éducation élégante donne le dédain des souffrances physiques, et ennoblit par un doux sourire de pitié les soins minutieux et misérables de la vie, apprend à ne compter pour quelque chose que les peines de l’âme, à voir sans surprise une chute mesurée d’avance par l’instruction, les méditations religieuses, et même toutes les conversations des familles et des salons, et surtout à se mettre au-dessus de la puissance des événements par le sentiment de ce qu’on vaut.

Madame de Saint-Aignan avait, je vous assure, autant de dignité en cachant sa tête sur la couverture de laine de son lit de sangle, que je