Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/419

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vous me trouverez, s’il vous plaît, une forte réponse à ce petit mot :

Qui cédera la place à l’autre ? Je suis aussi habile que lui. — QUI DECIDERA ENTRE NOUS ?

Vous me trouverez facilement ces réponses, je vous donne du temps — un siècle, par exemple.

— Ah ! dit Stello consterné, deux siècles n’y suffiraient pas.

— Ah ! j’oubliais, poursuivit le Docteur Noir ; ensuite il ne vous restera plus qu’une bagatelle, ce sera d’anéantir au cœur de tout homme né de la femme cet instinct effrayant :

Notre ennemi, c’est notre maître.

Pour moi, je ne puis souffrir naturellement aucune autorité.

— Ma foi, ni moi, dit Stello emporté par la vérité, fût-ce l’innocent pouvoir d’un garde champêtre…

— Et de quoi s’affligerait-on si tout ordre social est mauvais et s’il doit l’être toujours ? Il est évident que Dieu n’a pas voulu que cela fût autrement.