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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/420

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Il ne tenait qu’à lui de nous indiquer, en quelques mots, une forme de gouvernement parfaite, dans le temps où il a daigné habiter parmi nous. Avouez que le genre humain a manqué là une bien bonne occasion !

— Quel rire désespéré ! dit Stello.

— Et il ne la retrouvera plus, continua l’autre : il faut en prendre son parti, en dépit de ce beau cri que répètent en chœur tous les législateurs. A mesure qu’ils ont fait une Constitution écrite avec de l’encre, ils s’écrient :

« En voilà pour toujours ! »

— Allons, comme vous n’êtes pas de ces gens innombrables pour qui la politique n’est autre chose qu’un chiffre, on peut vous parler ; allons, dites-le hautement, ajouta le Docteur se couchant dans son fauteuil à sa façon, de quel paradoxe êtes-vous amoureux maintenant, s’il vous plaît ? »

Stello se tut.

« A votre place, j’aimerais une créature du Seigneur plutôt qu’un argument, quelque beau qu’il fût. »