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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/59

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« Peste ! monseigneur, laissez-le, dis-je à M. de Beaumont : cela va mal. Le voilà qui rougit bien vite, et puis il est tout blanc, et le pouls s’en va… Il est évanoui… Bien ! le voilà sans connaissance… Bonsoir… »

Le bon prélat se désolait et me gênait beaucoup en voulant toujours m’aider. J’employai tous mes petits moyens pour faire revenir le malade ; et cela commençait à réussir, lorsqu’on vint pour me dire qu’une chaise de poste de Versailles m’attendait de la part du Roi. J’écrivis ce qui restait à faire, et je sortis.

« Parbleu ! dis-je, je parlerai de ce jeune homme-là.

— Vous nous rendrez bien heureux, mon cher Docteur, car notre caisse d’aumônes est toute vide.

— Partez vite, dit M. de Beaumont, je garde ici mon pauvre enfant trouvé. »

Et je vis qu’il lui donnait sa bénédiction en tremblotant et en pleurant.

Je me jetai dans la chaise de poste.