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Page:Vigny - Théâtre, II, éd. Baldensperger, 1927.djvu/346

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THÉÂTRE.

salut ! — Adieu, humiliation, haines, sarcasmes, travaux dégradants, incertitudes, angoisses, misères, tortures du cœur, adieu ! Oh ! quel bonheur, je vous dis adieu ! — Si l’on savait ? si l’on savait ce bonheur que j’ai… on n’hésiterait pas si longtemps !

Ici, après un instant de recueillement durant lequel son visage prend une expression de béatitude, il joint les mains et poursuit :

Ô Mort, Ange de délivrance, que ta paix est douce ! J’avais bien raison de t’adorer, mais je n’avais pas la force de te conquérir. — Je sais que tes pas seront lents et sûrs. Regarde-moi, Ange sévère, leur ôter à tous la trace de mes pas sur la terre.

Il jette au feu tous ses papiers.

Allez, nobles pensées écrites pour tous ces ingrats dédaigneux, purifiez-vous dans la flamme et remontez au ciel avec moi !

Il lève les yeux au ciel et déchire lentement ses poèmes, dans l’attitude grave et exaltée d’un homme qui fait un sacrifice solennel.


SCÈNE VIII.

CHATTERTON, KITTY BELL.
Kitty Bell sort lentement de sa chambre, s’arrête, observe Chatterton, et va se placer entre la cheminée et lui. — Il cesse tout à coup de déchirer ses papiers.
KITTY BELL, à part.

Que fait-il donc ? Je n’oserai jamais lui parler. Que brûle-t-il ? Cette flamme me fait peur, et son visage éclairé par elle est lugubre.