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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/142

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

de vents terribles et n’ayant nul soin de sa vie. Un autre, fendant la terre couverte d’arbres, est asservi pour l’année au maître des charrues recourbées ; un autre, avec l’art de Minerve et de l’inventif Vulcain, de ses deux mains durcies au travail, gagne sa vie ; un autre, instruit par les dons des muses olympiennes, sait la juste mesure de l’aimable sagesse. Cet autre, Apollon l’a fait prophète, Apollon, le roi qui lance ses flèches au loin ; et il prévoit le mal qui de loin vient à l’homme : car les dieux communiquent avec lui. Mais ce que veut le destin, ni les augures ni les cérémonies saintes ne le détourneront. »

D’autres traits épars dans les poésies de Solon frappent sur les erreurs de la vie publique, l’avidité des citoyens à s’enrichir, l’injustice des chefs du peuple, le pillage des domaines sacrés et du trésor public, la corruption amenant l’esclavage qui ramène la sédition et réveille la guerre endormie. La prévoyance de ces maux et l’effort du législateur pour les combattre lui inspirent quelques vers dignes de cette sagesse politique dont Pindare redira les maximes.

« De la nuée, disait Solon, sort le jet impétueux de la neige et de la grêle. De l’éclair jaillit la foudre. Sous le coup des vents la mer est bouleversée, elle, quand rien ne l’agite, la plus uniforme de toutes les choses. Par les hommes puissants la cité périt. Le