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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/181

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

ce recueil quelques pièces charmantes, et que la Fontaine seul pouvait embellir. Mais tout cela, renommée vulgaire à part, nous laisse bien loin du charme poétique réveillé par le nom du vieillard de Téos.

Un autre poëte lyrique, d’un nom plus grave, tromperait moins notre espérance, si le temps nous avait laissé de son heureux génie quelques parcelles de plus. Simonide, né 458 ans avant notre ère, et mort, dit-on, après une vie de cent dix années, aurait été postérieur à Solon et en partie contemporain de Pindare.

En parcourant ce second âge des monuments et des ruines éclatantes du génie grec, nous approchons par degrés du grand poëte qui devait en porter si haut la gloire dans ses chants sublimes et populaires. Simonide est un précurseur de Pindare, dans ce culte de la gloire publique si bien assortie à l’imagination des cités libres de la Grèce ; il est le chantre des jeux guerriers et des athlètes vainqueurs ; il écrit en vers l’épitaphe de Léonidas et des siens. S’il passe une partie de sa longue vie à la cour des tyrans de Syracuse, maîtres bons ou mauvais, généreux ou cruels, mais toujours amis des arts, s’il n’a rien du caractère héroïque d’un Eschyle, que nous voyons cependant aller aussi chercher asile à Syracuse, Simonide, du moins, avait senti en poëte cette gloire des armes qu’il ne partageait pas. Rien de plus beau que son épitaphe de Léonidas[1] :

  1. Lyr. græc., cur. Boiss., p. 73.