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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/182

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

« Aux morts des Thermopyles une fortune glorieuse, une belle destinée, pour tombeau un autel, monument de leurs ancêtres, une calamité qui est une gloire. Cette épitaphe de vaillants hommes, ni la rouille ni le temps destructeur n’en éteindra l’éclat : cette tombe a réuni la renommée des enfants de la Grèce ; Léonidas l’atteste, le roi de Sparte, qui a transmis au monde un grand exemple de vertu, une gloire impérissable. »

Ailleurs, sur ce même sujet, et faisant parler les Spartiates eux-mêmes, il disait[1] : « Nous, les trois cents, pour Sparte, notre patrie, engagés contre les nombreux enfants d’Inachus, à l’entrée de la Grèce, sans tourner la tête, là où nous avions une fois empreint la trace de nos pas, nous avons laissé notre vie. Le bataillon resté enseveli sous le belliqueux carnage du fils d’Othryas proclame, ô Jupiter ! cet exploit des Lacédémoniens. Si quelqu’un des Argiens a fui cette épreuve, il descendait d’Adraste. Pour Sparte, la mort, ce n’est pas de mourir, c’est d’avoir fui. » C’était encore Simonide qui avait consacré au même souvenir cette inscription, la meilleure de toutes, parce qu’elle est la plus simple. « Ô étranger[2] ! va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici, en obéissant à ses lois. »

Ailleurs c’est encore la même pensée, avec des

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 796.
  2. Ib., p. 775.