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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/295

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

d’une flatterie présente et d’une reconnaissance intéressée. Le poëte, dans cet éloge de Ptolémée, sur un accent tout lyrique, imite au début Aratus, cet autre poëte de la même cour, qui chantait les merveilles des cieux.

« Que Jupiter commence et finisse nos chants, ô Muses[1] ! alors que nous célébrons le plus grand des Immortels. Qu’ainsi Ptolémée, parmi les hommes, soit nommé dans nos vers, au commencement, au milieu et à la fin ! Car il est le plus parfait des hommes. Les héros qui jadis sont issus des demi-dieux, pour prix de leurs hauts faits, ont trouvé des chantres habiles. Ainsi moi, puissé-je avec ma science de bien dire, célébrer Ptolémée ! Les hymnes rehaussent même les dieux. »

Ce ton de panégyriste enthousiaste, rappelant d’abord la grandeur des Ptolémées, leur faste royal, leur palais, près duquel repose Alexandre, divinité terrible aux Perses ornés de la mitre, se soutient par l’idolâtrie des louanges prodiguées au monarque et à Bérénice, son épouse et sa sœur. Cette adulation même prend un accent élevé, pour décrire la puissance réelle du roi d’Égypte :

« Il règne sur une vaste contrée[2], sur une vaste mer, sur de nombreux continents. Des peuples nombreux entassent pour lui des moissons grandies

  1. Theocr. Idyll. xvii.
  2. Ibid., v. 76.