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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

menaces du prophète : « Les chemins de Sion pleurent, » dit-il[1], « regrettant le peuple adorateur de la loi sainte, dans les jours de solennité : je pleure aussi, du regret qu’on ne voie plus ce peuple accourant à mes discours, comme faisait autrefois Constantinople et tout ce qu’elle avait d’habitants étrangers que la Trinité sainte éclairait de sa lumière. Maintenant, comme le lion rugissant, je gémis de loin. D’autres peut-être obsèdent mes enfants, me les dérobent par d’insidieuses paroles. Oh ! si la force me revenait comme jadis, Trinité sainte ! et que mon rugissement retentît pour toi, les bêtes féroces s’enfuiraient de nouveau ! »

Et ailleurs, s’adressant encore à ceux qu’il a quittés, dont il se plaint, mais qu’il ne veut pas maudire dans leur ingratitude avec la colère païenne d’un Archiloque ou d’un Hipponax :

« Ô vous, s’écrie-t-il, prêtres[2] qui offrez à Dieu des hosties non sanglantes, adorateurs de la grande Unité dans la Triade ! ô loi sainte ! ô monarque orné de piété ! ô fondation illustre du grand Constantin ! seconde Rome, aussi supérieure aux autres villes que le ciel étoilé l’emporte sur la terre, je vous prends à témoin de tout ce que l’envie m’a fait, de quelle manière elle m’a séparé de mes religieux enfants, après mes longues luttes, après la lumière que j’avais ap-

  1. S. Greg. Nazianz. Oper. t. II, p. 670.
  2. Ibid. p. 672.