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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/436

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

« Ô très-glorieux et très-aimé ! s’écrie-t-il, divin Fils de la vierge de Solyme[1], je te célèbre, toi qui as chassé des jardins du Père le serpent terrestre, insidieux ennemi descendu sur la terre ! Voyageur chez les humains, tu as plongé jusqu’au Tartare, où la mort tenait sous sa loi des multitudes d’âmes. L’antique Adès a frissonné devant toi, et le chien dévorant s’est retiré du seuil. Et toi, ayant délivré de leurs chaînes des foules d’âmes pieuses, avec ce saint cortége, tu élevais tes hymnes vers Dieu.

Tandis que tu remontais, ô Roi ! devant toi tremblaient les tribus des démons dispersées dans les airs, le chœur immortel des astres était frappé de stupeur, le ciel souriait. À ce sourire, l’Éther, père de l’harmonie, tira de sa lyre à sept cordes le chant triomphal. L’étoile du matin sourit ; et l’étoile dorée du soir, l’astre de Cythérée, la lune, qui remplit l’orbe de son disque d’effluves étincelants, marchait la première, comme la conductrice des dieux nocturnes. Mais, au loin, le soleil déployait sa chevelure brillante, sous les pas divins : il avait reconnu le Fils de Dieu, l’intelligence qui est la grande ouvrière, et la source même du feu dont il est animé.

Mais toi, élevant tes ailes, tu as franchi les voûtes bleues du ciel, et tu t’es arrêté dans le milieu le plus limpide des sphères intellectuelles, à l’origine du

  1. Συνεσίου ὕμνοι, cur. Boiss., p. 156.