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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/496

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

mer, a vaincu le Thrace cruel. Toi, Dieu des batailles ! tu es notre droite, notre salut et notre gloire. Tu as brisé les forces et l’altière audace de Pharaon, guerrier cruel. Ses chefs choisis ont couvert de leurs débris l’abîme de la mer ; ils sont, comme la pierre, descendus jusqu’au fond. Ta colère les a soudain dévorés, comme le feu dévore la paille sèche.

Ce superbe tyran, plein de confiance en l’appareil de ses navires, qui tient courbées les têtes de nos frères et fait travailler leurs mains au service injuste de sa puissance, abat de ses bras redoutables les cèdres à la plus haute cime et l’arbre qui se dresse le plus droit, buvant des eaux étrangères et foulant avec audace notre territoire inviolable.

Les faibles, éperdus, ont tremblé de sa fureur impie. Il a haussé le front contre toi, Seigneur Dieu ! et, d’un visage insolent, étendant ses deux bras armés, il a remué sa tête furieuse. Il a fortifié son cœur d’une ardente colère contre les deux Hespéries que baigne la mer, parce que, assurées en toi, elles lui résistent et qu’elles se revêtent des armes de ta foi et de ton amour.

Il a dit, dans son arrogance et son mépris : « Ignorent-elles, ces contrées-là, mon courroux, et les exploits de mes aïeux ? Ont-elles osé leur faire face, avec le Hongrois timide, et dans la guerre de la Dalmatie et de Rhodes ? qui les a pu délivrer ? qui, de