Aller au contenu

Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/564

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
556
ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

ceur de la pensée chrétienne, ne la perdait guère, on peut le croire, dans ses travaux et ses études. Les poésies de sa jeunesse nous offrent en vers élégants quelques versions de Pindare, des bardes du Nord ou des poëtes d’Asie ; mais les grands souvenirs de la Bible et les fêtes de l’Église chrétienne sont sa plus touchante inspiration.

À quinze siècles de distance, la tendresse chrétienne qui inspira l’hymne délicieux : Salvete, flores martyrum ! reparaît dans ces vers pour le jour des Saints-Innocents :

« Oh ! ne pleure pas sur la tombe de tes enfants, Rachel ; ne pleure pas. Le bourgeon naissant est cueilli par le martyre : la fleur s’épanouira dans les cieux.

« Prémices de la foi, le couteau du meurtrier a perdu sur vous sa plus mortelle atteinte ! Le Dieu pour lequel ils ont donné leur vie est venu s’offrir pour eux.

« Bien que leurs jours aient été courts et faibles, baptisés dans le sang et la souffrance, il les connaît, ce Dieu qu’ils n’ont jamais connu ; et ils sont assurés de revivre.

« Ne pleure donc pas sur la tombe de tes enfants, ô Rachel ! le bourgeon naissant est cueilli par le martyre ; la fleur s’épanouira dans les cieux. »

C’est ainsi que presque tous les pieux souvenirs du christianisme, les mystères de la foi, les fêtes du culte, les noms des saints consacrés, furent célébrés par l’évêque-poëte. Correct et gracieux génie,