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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/68

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

moins, depuis quinze siècles, défrayé de sublime l’imagination des hommes.

Malgré cette limite imposée à l’étude et à l’investigation même des plus habiles, on a su retrouver dans le dessin, dans le simple tracé des chants hébraïques, les types principaux, les types naturels de la beauté lyrique à tous ses degrés : la naïve allégresse, la douceur gracieuse, la force tempérée, la dignité pure et sévère, le sublime dans sa concision et sa magnificence. Essayons de surprendre d’abord à leur source, dans les livres saints, ces courants divers de l’antique poésie, comme l’historien sacré nous montre jaillissant de l’Éden ces grands fleuves qui traversent l’Orient et l’embellissent de leurs eaux.

Si cette poésie n’est jamais légère et profane, elle se pare cependant des affections douces et des images gracieuses, l’amour, le regret tendre, l’espoir, la joie contenue et la douleur aussi ; car l’une et l’autre peuvent avoir un charme de réserve, qui en est comme la pudeur.

Cette beauté est fréquente dans les poésies bibliques et rend leur simplicité merveilleuse, comme par exemple dans ce psaume, où le Dieu redoutable est peint sous l’image la plus naïve de la vie paisible des champs : « Jéhovah est mon pasteur ; rien ne peut me manquer. C’est dans les herbages abondants qu’il me fera reposer et près des eaux doucement ruisselantes qu’il me conduira. » Et ailleurs, avec plus d’étendue,