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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/69

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

dans un de ces cantiques nommés cantiques d’ascension que le peuple chantait en montant les degrés du temple : « Oh ! voici venir la joie et la douceur d’habiter ensemble, comme des frères ! Tel le parfum délicieux qui, du sommet de la tête, s’étend sur la barbe d’Aaron et touche jusqu’aux bords de son vêtement.

« Telle la rosée d’Hermon qui descend sur les montagnes de Salem. Le Seigneur a mis là ses bénédictions et la vie pour les siècles à venir. »

Ne peut-on pas reconnaître ou présumer ici le type le plus antique et le plus saint de cette douceur majestueuse, de cette gravité sacerdotale qui devait inspirer, parmi les chants de Pindare, ceux qu’on nommait Marches et Hyporchèmes, et dont quelque trace se retrouve encore dans la seule forme de poésie qui nous reste de lui ?

À cette expression de la paix et de l’allégresse des âmes, à cette sérénité naïve qui va si bien aux accents de la poésie chantante, le Psalmiste mêle souvent une élévation paisible qui nous rappelle ce que la Grèce a montré, ce qu’elle a aimé et ce qu’elle désigne par ce nom d’Olympien réservé pour un de ses orateurs : le calme dans la force, la majesté imposante avec grâce. Ce caractère, ce genre de diction, je ne veux pas dire tempéré, comme l’ont nommé quelques hébraïsants trop classiques, mais unique, mais original, et semblable, pour ainsi dire, à une inspiration si divine qu’elle ne coûte aucun effort, qu’elle n’agite pas le pro-