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INTRODUCTION

LE ROLE DE MONTAIGNE DANS LE MOUVEMENT DES IDEES MORALES AU XVIE SIECLE

I. La Révolution de la Morale au XVIe siècle

En France comme en Italie, la Renaissance n’a pas été seulement une récréation d’artistes ou le studieux passe-temps d’érudits. Elle a voulu agir, régler la conduite de l’homme, rendre sa vie meilleure. Ce ne sont pas seulement les odes pindariques, les vastes épopées, les rythmes harmonieux ou l’ample tapis des périodes cicéroniennes qui ont séduit les hommes du XVIe siècle dans le trésor de l’Antiquité retrouvé ; ils ont senti qu’il y avait là des conceptions de la vie, nouvelles pour eux, des habitudes de raisonner sa conduite et de la diriger, toute une masse d’expériences, de réflexions, de conseils dont il fallait se pénétrer, s’imprégner peu à peu.

De l’antiquité, nous voyons tirer au XVIe siècle des idées politiques, morales et militaires : l’homme d’alors est soldat presque autant que citoyen et qu’homme privé ; des traducteurs lui choisiront des livres où il apprendra des stratagèmes de guerre, des écrivains lui composeront des traités militaires d’après les maximes anciennes. Bodin, pour construire sa République, à l’exemple de Machiavel, puise sans cesse aux sources de la philosophie ancienne, plus encore peut-être, il s’instruit des expériences conservées par les historiens anciens. La part de Montaigne dans

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