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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/160

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Ce silence de grandeur enveloppait le palais depuis bien des années. Il n’en sortait jamais, à part ses nuits de fêtes ; nuits rares. — La porte intérieure de ces jardins était condamnée ; on n’y pouvait descendre que par le balcon de Tullia.

Le personnel occupait l’autre façade, celle qui, située au delà des cours intérieures, donnait sur Florence. La marquise s’était réservé exclusivement toute la façade qui avait vue sur les jardins ; excepté les jours de réception, les domestiques n’entraient pas dans cette partie du palais ; Xoryl suffisait à Fabriana.

Xoryl était cette jolie enfant au costume grec, entrevue dans la soirée.

C’était une fille d’Athènes autrefois abandonnée, à douze ou treize ans, par une famille inconnue et triste, aux hasards des rues. Tullia l’avait aperçue un jour, en voyage, sur le grand chemin : l’enfant jouait au milieu des ruines. La marquise parut examiner avec une attention soudaine et singulière les traits de cette petite fille, et, la prenant dans sa voiture, elle l’avait simplement ramenée avec elle en Italie.