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Page:Vivien - Études et Préludes, 1901.djvu/162

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ÉTUDES ET PRÉLUDES


Le soir voluptueux a des moiteurs d’alcôve :
Les astres sont pareils aux regards sensuels
Dans l’éther d’un gris mauve,
Et je vois s’allonger, inquiétant et fauve,
Le lumineux reflet de tes ongles cruels.

Sous ta robe, qui glisse en un frôlement d’aile,
Je devine ton corps, — les lys ardents des seins,
L’or blême de l’aisselle,
Les flancs doux et fleuris, les jambes d’immortelle,
Le velouté du ventre et la rondeur des reins.

La terre s’alanguit, énervée, et la brise,
Chaude encore des lits lointains, vient assouplir
La mer lasse et soumise…
Voici la nuit d’amour depuis longtemps promise…
Dans l’ombre je te vois divinement pâlir.