Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’illustre Mœhler dans son admirable ouvrage die Symbolik der Christlichen Kirche[1].

« L’Église est une », tel est le titre que Khomiakof (le chef du cercle slavophile en Russie) a donné à un opuscule dogmatique qui, quoique insignifiant par lui-même, mérite d’être noté comme la seule tentative de la part des slavophiles de préciser et de systématiser leurs idées théologiques. L’unité de l’Église est déterminée par l’unité de la Grâce divine qui, pour pénétrer les hommes et les transformer en Église de Dieu, exige d’eux la fidélité à la tradition commune, la charité fraternelle et l’accord libre des consciences individuelles qui est la garantie définitive de la vérité de leur foi. C’est sur ce dernier point surtout que les slavophiles insistent en définissant la vraie Église comme la synthèse spontanée et intérieure de l’unité et de la liberté dans la charité.

Que trouverait-on à redire à un idéal semblable ? Quel est le catholique romain qui, si on lui montrait l’humanité entière ou une partie considérable de l’humanité pénétrée de l’amour divin et de la charité fraternelle, n’ayant qu’une âme et un cœur et demeurant ainsi dans une union libre et tout à fait intérieure, — quel est, dis-je, le catholique

  1. Cet ouvrage est loué et souvent cité dans les Prælectiones theologicæ du dogmatiste officiel de l’Église latine, le feu Père Perrone (professeur au Collegium romanum et membre de la société de Jésus).