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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/111

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L’Église est une et indivisible, cela ne l’empêche pas de contenir des sphères différentes qu’on ne doit pas séparer, mais qu’on doit distinguer nettement, sans quoi on ne parviendra jamais à rien comprendre dans le passé et le présent, ni à rien faire pour l’avenir religieux de l’humanité. La perfection absolue ne peut appartenir qu’à la partie supérieure de l’Église, qui s’est déjà approprié et assimilé définitivement la plénitude de la grâce divine (l’Église triomphante ou le règne de la gloire). Entre cette sphère divine et les éléments purement terrestres de l’humanité visible, il y a l’organisme divino-humain de l’Église, invisible dans sa puissance mystique et visible dans ses manifestations actuelles, participant également à la perfection céleste et aux conditions de l’existence matérielle. C’est l’Église proprement dite et c’est d’elle qu’il s’agit pour nous. Elle n’est pas parfaite dans le sens absolu, mais elle doit posséder tous les moyens nécessaires pour avancer avec sécurité vers l’idéal suprême — l’union parfaite de toute la créature en Dieu — à travers des obstacles et des difficultés sans nombre, par les luttes, les tentations et les défaillances humaines.

L’Église n’a pas ici-bas l’unité parfaite du royaume céleste, mais elle doit cependant avoir une certaine unité réelle, un lien, organique et spirituel en même temps, qui la détermine comme une institution solide, comme un corps vivant et comme