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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/115

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taine somme de croyances communes, et quiconque ne les partage pas ne peut jouir dans la communauté des mêmes droits que les croyants. Le pouvoir de réagir par tous les moyens spirituels contre les membres infidèles et de les exclure définitivement de la communauté est un des attributs essentiels de la liberté ecclésiastique. Quant à la liberté religieuse, elle n’entre dans le domaine propre de l’Église que d’une manière indirecte : ce n’est que le pouvoir temporel de l’État qui peut directement admettre ou restreindre le droit de ses sujets à professer ouvertement tout ce que chacun croit en matière de religion. L’Église ne peut qu’exercer une influence morale pour déterminer l’État à être plus ou moins tolérant. Aucune Église n’a jamais regardé d’un œil indifférent la propagande des croyances étrangères qui menaçaient de lui arracher ses fidèles. Mais il s’agit de savoir quelles armes doit employer l’Église pour combattre ses ennemis : doit-elle se borner aux moyens spirituels de la persuasion, ou doit-elle recourir à l’État pour profiter de ses armes matérielles — la contrainte et la persécution ? Ces deux manières de lutter contre les ennemis de l’Église ne s’excluent pas absolument. On peut distinguer (si l’on a les facultés nécessaires pour cela) entre l’erreur intellectuelle et la mauvaise volonté et en agissant par la persua-

    la conscience est toujours libre et personne ne peut empêcher un martyr de confesser sa foi.