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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/118

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manifeste de ces débats, — où l’une des parties est prédestinée à avoir tort quand même et ne peut dire que ce que ses adversaires lui permettent, — n’a servi qu’à mettre en relief l’impuissance morale de cette Église établie qui est trop complaisante à l’égard des pouvoirs terrestres pour être respectée, et trop implacable envers les âmes pour être aimée. Et ce serait elle qui nous représenterait l’union libre des consciences dans l’esprit de la charité !

Les slavophiles dans leur polémique anticatholique ont eu soin de confondre la liberté ecclésiastique avec la liberté religieuse. Comme l’Église catholique n’a pas toujours été tolérante et qu’elle n’admet pas le principe de l’indifférence en matière de religion, il n’était que trop facile de déclamer contre le despotisme romain en passant sous silence la grande prérogative de la liberté ecclésiastique que le catholicisme seul a toujours gardée parmi toutes les communions chrétiennes. Mais quand il s’agit de notre propre cause, la confusion de ces deux libertés ne sert à rien, puisqu’il est clair que nous ne possédons ni l’une ni l’autre. Et personne n’a exposé cette triste vérité avec plus de force et de chaleur que le défunt J. Aksakov, le dernier

    rasskol, les représentants de l’Église officielle n’y ont pas toujours l’avantage. Un journal « la Voix de Moscou » (Golos Moskvy), qui a osé imprimer (en 1885) des comptes-rendus sténographiques de ces débats, a eu à se repentir de sa témérité. — Ce journal n’existe plus maintenant.