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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/117

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armes spirituelles de l’enseignement et de la prédication, autorisait les États catholiques à servir par le glaive temporel la cause de l’unité religieuse. Il n’y a plus d’États catholiques aujourd’hui ; l’État est athée en Occident, et l’Église romaine continue d’exister et de prospérer en s’appuyant uniquement sur le glaive spirituel, sur l’autorité morale et la prédication libre de ses principes. Mais une hiérarchie qui s’est abandonnée au pouvoir temporel et qui a prouvé par là que la puissance intérieure lui a manqué, comment pourrait-elle exercer l’autorité morale qu’elle a abdiquée ? Notre institution ecclésiastique actuelle a embrassé exclusivement les intérêts de l’État pour recevoir de lui la garantie de son existence menacée par les dissidents. Le but étant purement matériel, les moyens ne peuvent pas avoir un caractère différent. Les mesures de contrainte et de violence consignées dans le Code pénal de l’Empire — voilà au fond les seules armes défensives que notre orthodoxie de par l’État sache opposer aux dissidents indigènes ainsi qu’aux communions étrangères qui voudraient lui disputer l’empire des âmes. Si des agents cléricaux ont fait en ces derniers temps quelques tentatives de lutte contre les sectaires au moyen des discussions semi-publiques[1], le manque de bonne foi trop

  1. J’entends « les conversations (sobésiédovania) avec les vieux croyants » à Kazan, à Kalouga et surtout à Moscou. Malgré les conditions gênantes de ces disputes et l’abstention des chefs du