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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/131

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parole divine[1]. Une Église qui fait partie d’un État, c’est-à-dire d’un « royaume de ce monde » a abdiqué sa mission et devra partager la destinée de tous les royaumes de ce monde[2]. Elle n’a en elle-même aucune raison d’être, elle se condamne à l’impuissance et à la mort[3].

La conscience russe n’est pas libre en Russie, et la pensée religieuse reste inerte ; « l’abomination de la désolation » s’établit au lieu saint ; le souffle de la mort remplace l’esprit vivifiant, et le glaive spirituel — la parole — se couvre de rouille, remplacé par le glaive de l’État, et près de l’enceinte de l’Église, au lieu des anges de Dieu, gardant ses entrées et ses issues, on voit des gendarmes et des inspecteurs de police — ces gardiens des dogmes orthodoxes, ces directeurs de notre conscience[4]. »

Nous n’avons pas oublié que les slavophiles voient dans notre Église la seule véritable Église du Christ et la synthèse vivante de la liberté et de l’unité dans l’esprit de charité. Et voici la conclusion à laquelle arrive le dernier représentant de ce parti après un examen impartial de nos affaires ecclésiastiques : « L’esprit de vérité, l’esprit de charité, l’esprit de vie, l’esprit de liberté — c’est

  1. Aksakov, ibid., p. 91, 92.
  2. Ibid., p. 111.
  3. Ibid., p. 93.
  4. Ibid., p. 83, 84.