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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/134

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ne constitue aucun lien social, ne peut vraiment unir personne, et il est après tout indifférent de savoir si l’on a ou non cette foi morte en commun avec qui que ce soit. L’unité de la foi réelle, au contraire, devient nécessairement une unité vivante et active, une solidarité morale et pratique.

Si l’Église russe et l’Église grecque ne manifestent leur solidarité par aucune action vitale, leur « unité de foi » n’est qu’une formule abstraite qui ne crée rien et n’oblige à rien. — Un laïque, préoccupé des questions religieuses, demanda un jour au métropolite Philarète — (que le lecteur ne s’étonne pas de retrouver toujours ce nom sous notre plume : c’est le seul personnage public vraiment remarquable que l’Église russe ait produit au XIXe siècle) — un laïque demanda donc à l’illustre prélat : Que pourrait-on faire pour vivifier les rapports entre l’Église russe et l’Église-mère ? — Mais à propos de quoi peuvent-elles avoir des rapports entre elles ? répliqua l’auteur du catéchisme gréco-russe. — Quelques années avant cette conversation curieuse, avait eu lieu un incident qui permet d’apprécier les paroles du prudent archevêque à leur juste valeur. Un membre éminent de l’Église anglicane et de l’université d’Oxford, William Palmer, voulut s’unir à l’Église orthodoxe. Il alla en Russie et en Turquie pour étudier l’état actuel de l’Orient chrétien et pour s’informer des conditions auxquelles il pouvait