Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

communier avec les orthodoxes orientaux. À Saint-Pétersbourg et à Moscou on lui dit qu’il n’avait qu’à abjurer les erreurs du protestantisme devant un prêtre qui lui administrerait ensuite le sacrement du saint chrême (la confirmation). Mais à Constantinople il apprit qu’il devait être baptisé de nouveau. Comme il se savait chrétien et ne voyait aucune raison de suspecter la validité de son baptême (parfaitement reconnu d’ailleurs par l’Église russe orthodoxe), il regarda un second baptême comme un sacrilège. D’un autre côté, il ne put se résoudre à embrasser l’orthodoxie selon les règles particulières de l’Église russe, puisqu’alors il ne devenait orthodoxe qu’en Russie tout en demeurant païen aux yeux des Grecs. Ce n’était pas à une Église nationale, mais à l’Église orthodoxe universelle qu’il voulait se réunir. Personne ne put résoudre cette difficulté et il devint catholique romain[1]. — On voit qu’il y a des questions à propos desquelles l’Église russe pourrait et devrait entrer en rapport avec sa métropole, et si l’on évite soigneusement d’y toucher, c’est qu’on est sûr d’avance qu’en posant nettement ces questions on n’aboutirait qu’à un schisme formel. La haine

  1. On trouvera dans une note, à la fin du volume, quelques détails historiques sur la question du second baptême de l’Église gréco-russe. Ces faits, que Palmer connaissait sans doute, ont dû l’affermir dans sa dernière résolution de ne pas chercher la vérité universelle là où le mystère fondamental de notre religion est devenu un instrument de la politique nationale.