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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/152

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tional d’unité, on doit bien avouer que l’Orient chrétien, privé qu’il est depuis mille ans de cet organe essentiel, ne peut à lui seul constituer l’Église Universelle. Celle-ci a dû pendant une si longue période manifester ailleurs son unité. Que l’idée de trouver quelque part en Orient un gouvernement central pour l’Église Universelle ou d’instituer un anti-pape oriental — que cette idée hybride n’ait rien de sérieux et de pratique, on le voit assez par l’incapacité de ses partisans à s’accorder sur la question suivante, même à titre de projet théorique ou de pium desiderium : auquel des dignitaires ecclésiastiques de l’Orient cette mission problématique pourrait être dévolue ? Le candidat des uns est « le patriarche œcuménique » de Constantinople ; les autres préféreraient le siège de Jérusalem, « la mère de toutes les Églises ». Si nous nous proposons ici de faire justice en quelques mots de ces tristes utopies, ce n’est pas à cause de leur importance intrinsèque qui est absolument nulle, mais seulement par égard pour quelques écrivains respectables qui, en désespoir de cause, ont voulu opposer ces fictions à l’idée de la vraie réunion des Églises.

Si le centre d’unité n’existe pas de droit divin, il faut que l’Église actuelle (qu’on considère cependant comme un corps complet), après avoir vécu dix-huit siècles, se crée elle-même la condition de son existence. C’est comme si l’on imposait à un