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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/155

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Nous savons, en effet, que la primauté factice du patriarche impérial a été le tombeau de la liberté et de l’autorité ecclésiastique en Orient. Ceux qui, pour éviter le césaro-papisme de Saint-Pétersbourg, voudraient le transporter à Constantinople ne font évidemment que se jeter dans le fleuve pour se préserver de la pluie.

Jérusalem, le centre sacré de la théocratie nationale de l’Ancien Testament, n’a aucun droit à la suprématie dans l’Église Universelle du Christ. La tradition nomme saint Jacques le premier évêque de Jérusalem. Or, saint Jacques, pas plus que saint André, n’avait aucune espèce de primauté dans l’Église apostolique et ne pouvait communiquer à son siège aucun droit exceptionnel. D’ailleurs, pendant longtemps, il n’a pas eu de successeur. À l’approche des légions de Vespasien, les chrétiens abandonnèrent la cité condamnée qui dans le siècle suivant perdit même son nom. La restauration accomplie par Constantin trouva le siège de saint Jacques subordonné hiérarchiquement à l’archevêque métropolitain de Césarée en Palestine (comme l’évêque de Byzance l’était jusqu’à 381 au métropolitain de Héraclée en Thrace). Même, dans la suite, Jérusalem ne fut longtemps qu’un patriarcat purement honoraire et, après avoir obtenu enfin une juridiction indépendante, elle n’occupa que la dernière place dans l’ordre des sièges patriarcaux.