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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/154

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après l’évêque de « la vieille Rome », se gardèrent bien de recourir à saint André, mais ils appuyèrent leur projet uniquement sur la dignité politique de la ville impériale (βασιλευούσα πόλις). Cet argument, qui est au fond le seul en faveur des prétentions byzantines, ne peut les justifier ni pour le passé ni pour l’avenir[1]. Si la primauté ecclésiastique tient à l’avantage de la basilevousa polis, alors l’ancienne Rome, qui n’avait plus cet avantage, devait aussi perdre dans l’Église la première place que personne cependant n’osa lui contester. Bien loin de là, ce fut au pape lui-même que les évêques grecs adressèrent leurs humbles supplications pour qu’il daignât confirmer la primauté relative et partielle du patriarche byzantin. — Quant à la question actuelle, si la primauté doit appartenir à celui des patriarches qui est préposé à la résidence de l’empereur orthodoxe, comment faire aujourd’hui qu’il n’y a pas d’empereur orthodoxe à Constantinople et qu’il n’y a pas de patriarche à Saint-Pétersbourg ? Mais supposons cette difficulté vaincue et Constantinople redevenue la ville régnante du monde orthodoxe, la résidence d’un empereur d’Orient, russe, grec ou gréco-russe, — ce ne serait pour l’Église qu’un retour au césaropapisme du Bas-Empire.

  1. Nous aurons encore à nous occuper de cette première grande manifestation du césaro-papisme byzantin, qui dans tous les cas n’a rien de commun avec l’autorité infaillible des décrets dogmatiques formulés par le concile.