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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/169

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séparé de la chaire de saint Pierre. Serait-ce un pur accident ? Un accident qui persiste depuis mille ans ! Aux anticatholiques qui ne veulent pas voir que leur particularisme les sépare de la vie universelle de l’Église nous n’avons qu’une seule proposition à faire : qu’ils réunissent sans le concours du successeur de saint Pierre un concile qu’ils puissent eux-mêmes reconnaître comme œcuménique, — et c’est alors seulement qu’il y aura lieu d’examiner s’ils ont raison.

Partout et toujours quand Pierre ne parle pas ce ne sont que les opinions humaines qui élèvent la voix, — et les apôtres se taisent. Mais Jésus-Christ n’a approuvé ni les sentiments vagues et discordants de la foule ni le silence de ses élus : c’est la parole ferme, décisive et autoritaire de Simon bâr-Jonâ qu’Il a ratifiée. N’est-il pas évident que cette parole qui a satisfait le Seigneur n’avait besoin d’aucune confirmation humaine ? qu’elle retenait toute sa valeur ? etiam sine consensu Ecclesiæ[1]. Ce n’est pas au moyen d’une délibération collective, c’est avec l’assistance immédiate du Père céleste (comme Jésus-Christ lui-même l’a attesté) que Pierre a formulé le dogme fondamental de notre religion ; et sa parole a déterminé la foi des chrétiens par sa propre force et non pas par le consen-

  1. « Même sans le consentement de l’Église, » formule du dernier concile du Vatican.