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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/168

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lisée et abandonnée à la merci du pouvoir séculier s’abstiendra de se manifester ou se manifestera par des conciles comme le brigandage d’Éphèse. Ce n’est que dans son union avec la pierre sur laquelle elle est fondée que l’Église pourra assembler de véritables conciles et, au moyen de formules authentiques, fixer la vérité. Ce n’est pas là une opinion, c’est un fait historique tellement imposant qu’en des époques solennelles il a été attesté par l’épiscopat oriental lui-même, tout jaloux qu’il était des successeurs de saint Pierre. Non seulement l’admirable traité dogmatique du pape saint Léon le Grand a été reconnu comme une œuvre de Pierre par les Pères grecs du quatrième concile œcuménique, mais c’est à Pierre aussi que le sixième concile rapporta la lettre du pape Agathon (qui était loin d’avoir la même autorité personnelle que Léon) : « Le chef et le prince des apôtres, disaient les pères orientaux, combattait avec nous… On voyait l’encre (de la lettre), et Pierre parlait par Agathon (Καί μέλαν έφάινετο, καί δί Αγαθώνος ό Πέτρος έφθένγετο)[1]. »

Et s’il en est autrement, si dans la manifestation active de la vérité l’Église universelle peut se passer de Pierre, qu’on nous explique donc ce mutisme singulier de l’épiscopat oriental — qui retient cependant la succession apostolique — après qu’il s’est

  1. Collectio conciliorum (Mansi), t. XI, col. 658.