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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/173

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de l’Église Universelle. Mais, s’il en est ainsi, les deux premières attributions attachées d’une manière encore plus solennelle et plus significative à saint Pierre en particulier ne peuvent être non plus des privilèges privés et accidentels[1]. Cela serait d’autant plus impossible qu’au premier de ces privilèges le Seigneur a expressément rattaché la permanence et la stabilité de son Église dans sa lutte future contre les puissances du mal.

Si le pouvoir de lier et de délier accordé aux apôtres n’est pas une simple métaphore ni un attribut purement personnel et passager, s’il est au contraire le germe réel et vivant d’une institution universelle et perpétuelle embrassant toute l’existence de l’Église, comment les avantages particuliers de saint Pierre proclamés en termes explicites et solennels, — comment pourraient-ils être des métaphores sans conséquence ou des privilèges personnels et temporaires ? Ne doivent-ils pas aussi s’appliquer à une institution fondamentale et permanente, dont le personnage historique de Simon bâr Jonâ n’est que le représentant principal et typique ? L’Homme-Dieu ne fondait pas des institutions passagères. Dans ses élus Il voyait au travers et au delà de leur individualité mortelle

  1. Cette conclusion est parfaitement acceptée par le remarquable écrivain israélite que nous venons de nommer. Il voit dans la primauté de Pierre la clef de voûte de l’édifice ecclésiastique tel qu’il a été désigné et fondé par le Christ lui-même.