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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/180

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ne suffisent pas encore à constituer l’unité spécifique de l’Église dans le sens strict du mot — l’Église comme un être social et historique ? L’incarnation du Verbe est un fait mystique et non pas un principe social ; la vie religieuse individuelle ne donne pas plus une base suffisante à la société chrétienne : on peut vivre saintement en restant seul dans le désert. Et si néanmoins dans l’Église, outre la vie mystique et la vie individuelle, il y a encore la vie sociale — il faut bien que cette vie sociale ait une forme déterminée basée sur un principe d’unité qui lui soit propre. Et quand nous disons que ce principe spécifique de l’unité sociale de l’Église n’est immédiatement ni Jésus-Christ, ni la masse des croyants, mais le pouvoir monarchique de Pierre au moyen duquel Jésus-Christ a voulu se réunir à l’humanité comme à un être social et politique — notre sentiment est confirmé par ce fait remarquable que l’attribut d’être la pierre de l’Église n’a conservé la valeur d’un nom propre et permanent que pour le prince des apôtres, qui est ainsi lui seul la pierre de l’Église dans le sens spécial et strict de ce terme — la base unifiante de la société chrétienne historique.

Trois fois seulement dans toute l’histoire sacrée (des deux Testaments), il est arrivé que le Seigneur a changé Lui-même le nom d’un homme. Quand Abraham, par une foi sans bornes, se dévoua au Dieu vivant, Dieu, en changeant son nom, le pro-