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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/179

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On oublie, en effet, que le terme « pierre (c’est-à-dire fondement) de l’Église » est un terme de relation et que le Christ ne peut être la pierre de l’Église que dans son union déterminée avec l’humanité qui constitue l’Église ; et puisque cette union, dans l’ordre social, est effectuée en premier lieu par un rapport central que le Christ Lui-même a rattaché à saint Pierre, il est évident que ces deux pierres — le Messie et son principal apôtre — loin de s’exclure mutuellement ne font que deux termes indivisibles d’un rapport unique. Quant à ce qui regarde la pierre ou les pierres du troisième ordre — la multitude des croyants — s’il est dit que chaque fidèle peut devenir une pierre vivante de l’Église, il n’est pas dit que chacun le devienne par lui-même ou en se séparant du Christ et du pouvoir fondamental qu’Il a établi.

La base de l’Église, pour parler d’une manière tout à fait générale, c’est la réunion du divin et de l’humain. Cette base (la pierre) nous la trouvons en Jésus-Christ en tant qu’il réunit hypostatiquement la divinité avec la nature humaine immaculée ; cette base nous la retrouvons aussi dans chaque vrai chrétien en tant qu’il se réunit au Christ par les sacrements, la foi et les bonnes œuvres. Mais ne voyons-nous pas que ces deux modes de réunion entre le divin et l’humain (la réunion hypostatique dans la personne du Christ et la réunion individuelle du croyant avec le Christ)