Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son unité absolue embrasse toute la plénitude de la vie divine et humaine. Au Christ, à l’être un, centre de tous les êtres, doit correspondre l’Église — collectivité aspirant à l’unité parfaite. Et tant que cette unité intérieure et parfaite de tous n’est pas réalisée, tant que la foi de chacun n’est pas encore en elle-même la foi de tous, — tant que l’unité de tous n’est pas manifestée immédiatement par chacun, elle doit être effectuée par le moyen d’un seul.

La vérité universelle parfaitement réalisée dans un seul (le Christ) attire à elle la foi de tous déterminée infailliblement par la voix d’un seul (le pape). En dehors de cette unité, nous l’avons vu, l’opinion de la multitude peut être erronée et la foi des élus eux-mêmes peut demeurer indécise. Mais ce n’est pas une fausse opinion ni une foi vacillante, c’est une foi infaillible et déterminée qui, en réunissant le genre humain à la vérité divine, constitue la base inébranlable de l’Église Universelle. Cette base, c’est la foi de Pierre vivant dans ses successeurs, — une foi qui est personnelle pour se manifester aux hommes et qui (par l’assistance divine) est surhumaine pour être infaillible. Et — nous ne cesserons de le répéter — si l’on croit que ce centre d’unité permanent n’est pas nécessaire, qu’on essaie seulement de manifester sans lui l’unité vivante de l’Église Universelle, qu’on essaie de produire sans lui un acte ecclésiastique intéressant la chrétienté