Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’une nation ou un État. L’amour pour l’Église est manifesté par une adhésion constante à sa volonté et à sa pensée vivante représentées par les actes publics du chef ecclésiastique suprême. Cet amour qui dans son origine n’est qu’un acte de morale pure, l’accomplissement d’un devoir par principe (l’obéissance à l’impératif catégorique selon la terminologie kantienne), peut et doit devenir la source de sentiments et d’affections non moins puissants que l’amour filial ou le patriotisme. Ceux qui, tout en voulant fonder l’Église sur l’amour, ne voient l’unité ecclésiastique universelle que dans une tradition cristallisée et privée depuis onze siècles de tous les moyens de s’affirmer réellement, devraient prendre en considération qu’il est impossible d’aimer d’un amour vivant et actif — un souvenir archéologique, un fait éloigné qui, comme les sept conciles œcuméniques, est absolument inconnu des masses et ne peut parler qu’aux érudits. L’amour pour l’Église n’a de sens réel que chez ceux qui reconnaissent toujours à l’Église un représentant vivant, un père commun de tous les fidèles susceptible d’être aimé comme l’est un père dans sa famille ou le chef de l’État dans un pays monarchique.

Le caractère formel de la vérité est de ramener à une unité harmonieuse les multiples éléments du réel. Ce caractère ne manque pas à la vérité par excellence, à la vérité de l’Homme-Dieu qui dans