Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la discorde qui règne dans ce monde et l’unité désirable de l’amour parfait où Dieu règne, il y a le chemin nécessaire de l’unité légale et autoritaire rattachant le fait humain au droit divin.

Le cercle parfait de l’Église Universelle a besoin d’un centre unique non pas pour être parfait, mais pour être. L’Église terrestre appelée à embrasser la multitude des nations devait, pour rester une société réelle, opposer à toutes les divisions nationales un pouvoir universel déterminé ; l’Église terrestre qui devait entrer dans le courant de l’histoire et subir, dans ses circonstances et ses rapports extérieurs, des changements et des variations incessantes, avait besoin, pour sauvegarder son identité, d’un pouvoir essentiellement conservateur et cependant actif, inaltérable au fond et souple dans les formes ; enfin, l’Église terrestre destinée à agir et à s’affirmer contre toutes les puissances du mal au milieu d’une humanité infirme, devait être munie d’un point d’appui absolument ferme et irréfragable, plus fort que les portes de l’enfer. — Or, nous savons d’un côté que le Christ a prévu cette nécessité de la monarchie ecclésiastique en conférant à un seul le pouvoir suprême et indivisible dans son Église ; et nous voyons d’un autre côté que, de tous les pouvoirs ecclésiastiques du monde chrétien, il n’y en a qu’un seul et unique qui maintienne perpétuellement et invariablement son caractère central et universel et qui en même temps, par