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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/206

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une tradition ancienne et générale, soit spécialement rattaché à celui à qui le Christ a dit : Tu es Pierre et sur cette pierre j’édifierai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. La parole du Christ ne pouvait rester sans effet dans l’histoire chrétienne ; et le principal phénomène de cette histoire devait avoir une cause suffisante dans la parole de Dieu. Qu’on nous trouve donc pour la parole du Christ à Pierre un effet correspondant autre que la chaire de Pierre, et qu’on découvre pour cette chaire une cause suffisante autre que la promesse faite à Pierre.

Les vérités vivantes de la religion ne s’imposent pas à toute intelligence comme des théorèmes géométriques. Du reste, on risquerait de se tromper si l’on croyait que les vérités mathématiques elles-mêmes sont acceptées unanimement par tout le monde pour la seule raison de leur évidence intrinsèque : on s’accorde à les reconnaître parce que personne n’est intéressé à les rejeter. Je n’ai pas la prétention naïve de convaincre les esprits qui trouvent des intérêts plus puissants que la recherche de la vérité religieuse. En exposant les preuves générales de la primauté permanente de Pierre comme base de l’Église Universelle, je n’ai voulu qu’aider le travail intellectuel de ceux qui sont opposés à cette vérité non pas par des intérêts et des passions, mais seulement par des erreurs inconscientes et des préjugés héréditaires. En continuant