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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/220

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le Christ, il faudrait admettre que c’est le Christ lui-même qui est devenu « la grande montagne », c’est-à-dire la monarchie universelle de l’Église remplaçant les empires païens. Mais pourquoi irions-nous attribuer gratuitement à l’écrivain vraiment inspiré de ce livre merveilleux une image si confuse et si incongrue, quand il y a une explication claire et harmonique qui, non seulement est admissible, mais encore qui nous est tout simplement imposée par la comparaison de ces textes prophétiques avec le texte évangélique correspondant ? Là comme ici, chez Daniel comme dans saint Mathieu, il y a le Fils de l’Homme et il y a la Pierre de l’Église. Or comme il est absolument certain que le Fils de l’Homme du livre prophétique et le Fils de l’Homme de l’Évangile désignent une seule et même personne — le Messie, — l’analogie exige que l’image de la Pierre ecclésiastique ait dans les deux cas un sens identique. Mais dans l’Évangile la Pierre est évidemment le prince des apôtres — tu es Pierreergo la pierre du prophète Daniel préfigurerait aussi le dépositaire primordial du pouvoir monarchique dans l’Église Universelle, — pierre qui n’a pas été prise et lancée par des mains humaines, mais par le Fils du Dieu vivant et par le Père céleste lui-même qui révèle au monarque de l’Église la vérité divino-humaine — cause première de son pouvoir.

Signalons encore cette coïncidence admirable : c’est le grand roi de Babylone, le représentant