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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/228

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propre chef le remplaçant de Judas et si, à cette occasion, il a fait appel au concours des autres apôtres, ce n’était nullement une obligation, mais l’effet de son bon plaisir[1].

L’Écriture sainte nous parle de la primauté de Pierre ; son droit au pouvoir souverain et absolu dans l’Église est attesté par la tradition orthodoxe ; mais il faudrait être privé de tout tact historique et même du plus simple bon sens pour chercher dans l’Église primitive (non seulement du temps où « la multitude des croyants avait un seul cœur et une seule âme », mais encore longtemps après) des pouvoirs juridiquement fixés et fonctionnant selon des règles déterminées. Ce sont toujours les branches du chêne qu’on voudrait découvrir dans le gland. Le germe réel et vivant du souverain pouvoir ecclésiastique que nous reconnaissons dans le prince des apôtres ne pouvait se manifester dans l’Église primitive que par l’initiative pratique que Pierre prenait dans toute affaire intéressant l’Église Universelle, comme on le voit en effet dans les Évangiles et les Actes des Apôtres[2].

  1. Ioh. Chrys. Opp., t. IX, col. 27, 30, 31.
  2. Ceux de nos lecteurs orthodoxes qui, pour reconnaître le rôle exceptionnel de Pierre dans l’histoire du Nouveau Testament, ne trouveraient pas suffisante l’autorité des Saints Pères tels que Jean Chrysostome, ni même celle des Théologiens russes tels que Mgr Philarète, seront peut être accessibles à une preuve pour ainsi dire statistique. En considérant que parmi les disciples immédiats de Jésus aucun n’a autant de droits à une place marquée que saint Jean, l’apôtre bien-aimé, j’ai compté combien de fois les